J'ai beaucoup de souvenirs de mon enfance heureuse et insouciante en Afrique. Peu importe. Chacun a une enfance quelque part ; qu'elle soit heureuse ou pas, elle est là et on essaye de la garder bien au chaud ou de la congeler.
Moi, je me souvenais de tout : des pluies droites et puissantes, du grand jardin, du jour qui se lève et se couche toute l'année à la même heure, du cinéma en plein air, de mon amoureuse qui ne l'était pas de moi, des jeux avec mon frère, de mes premières lectures de « Bob Morane », des soirées que l'on passait mon frère et moi ― quand nos parents sortaient, aux côtés des sentinelles et de leur feu de bois sur lequel ils faisaient chauffer du café dans des boîtes de conserve. . .
Je vous dis, beaucoup de souvenirs.
Ceux-ci étaient en couleurs et en 3D dans ma mémoire, jusqu'au jour où je suis tombé par hasard, sur un site d'anciens élèves de mon école à Kinshasa !
Je n'y étais pas préparé et pour le coup mes souvenirs sont passés à la 2D et en noir et blanc. Oh, quelques instants seulement.
Je me suis vu. J'ai vu mes souvenirs. C'était comme de remonter dans le temps en temps réel. En un clic, je fus propulsé 40 ans en arrière !
Qui a dit que la machine à remonter le temps n'existait pas ! On ne lui avait tout simplement pas encore donné de nom.
Maintenant, je sais qu'elle s'appelle Google.
Je suis sur les deux photos de classe. Je suis le plus beau et la somme de mes deux nombres est 30. . .